1870 – 1960
Baudit Louis:
Mérignac, près de Bordeaux, Gironde, 30 novembre 1870 – Genève, 18 octobre 1960
Peintre et pastelliste. Ecole genevoise. Paysages urbains de Genève, vues du lac Léman, de la campagne genevoise et valaisanne, nature morte.
Louis-Amédée Baudit est le fils de Jean-Amédée Baudit (Genève, 1er mai 1825 – Bordeaux, 13 septembre 1890), peintre genevois vivant en France depuis le milieu des années 1860. Sa mère, Marie-Thérèse Antoinette de Brugada Vila, est la fille d'Antonio de Brugada Vila (Madrid, 2 juillet 1803 – San Sebastian, 16 février 1863), peintre espagnol, élève et ami de Francisco Goya (Fuendetodos, Saragosse, 30 mars 1746 – Bordeaux, 16 avril 1828) qu’il suivit en exil.
Il étudie à Bordeaux chez son père, puis à Paris où il expose au Salon des artistes français (1890, Paysage des bords de la Garonne). Après un séjour à Bruxelles où il obtient une médaille d’or lors du Salon de peinture (1890), il retourne vivre à Paris. En 1894, il arrive à Genève et tombe amoureux de la cité natale de son père et décide de s’y établir.
Il est pendant plusieurs années le courtier de Ferdinand Hodler (Berne, 14 mars 1853 – Genève, 19 mai 1918). Suite à la disparition de celui-ci, il se consacre définitivement à son art.
Très renommé pour ses vues du Léman, ses paysages genevois intra-muros et de la campagne environnante, il séjourne de temps en temps en Valais à l’autre bout du lac, notamment à la fin de l’année 1923 et au début de 1924. Son travail automnal et hivernal, dans les parages de Saillon, Ardon et Vétroz, fait l’objet de la seule exposition que le peintre organise de son vivant, à l’été 1924 (17 mai – 8 août). Il est le créateur d’une importante œuvre estimée à plus de 2 000 toiles qu’il vend directement à une clientèle locale. Sa peinture, vigoureuse et plaisante, est souvent une fenêtre sur le Léman, calme ou agité, dont il connaît parfaitement toutes choses. Quelques œuvres réalisées aux bords de la Méditerranée (Corse puis Les Sablettes près de Toulon, Var, début de l’année 1929) et en Bretagne (Lesconil près de Pont-l’Abbé, Finistère, 1935) sont également connues.
Epicurien, fin gourmet, il compose ses menus avec une grande connaissance de la bonne et vraie cuisine. Il est amateur de belles étoffes et de vêtements bien coupés. Original et non-conformiste, il fait partie de la vie genevoise. En ville, tout le monde le connaît, plantant son chevalet et son ombrelle (ou son parapluie) sur les quais ou dans la Vieille-Ville. Chasseur et pêcheur, il ne manque jamais une ouverture et devient même garde-chasse volontaire. Il est aussi un protecteur de la nature créant diverses réserves animalières.
Occasionnant de nombreux tracas à la bureaucratie genevoise, il est aussi un grand chasseur d’abus administratifs qui souvent trouvent leurs conclusions au tribunal ! Il aime à intervenir dans la vie publique ; un incident se passe, il quitte le pinceau pour la plume et trousse une lettre aux journaux locaux. Il est également l’auteur de quelques pamphlets incendiaires : Police genevoise et excès de vitesse, Genève, 1910 (16 pp.) ; Beaux-arts : critiques, marchands de tableaux, Genève, 1919 (18 pp.) ; Un scandale ! Lettre ouverte à M. [Marius] Stœssel, conseiller administratif, délégué aux beaux-arts, Genève, 1921 (16 pp.).
L’homme, généralement de bonne humeur et spirituel, n’est jamais à court de blagues ou de frasques. Un jour, condamné à 24 heures d’arrêt, il arrive en voiture attelée à la prison Saint-Antoine en habit de soirée et chapeau haut de forme, accompagné d’un orchestre au son d’une marche funèbre, … au plus grand plaisir des passants ! Un autre jour, il parie avec un ami, l’un des meilleurs fusils du canton, qu’il tirerait un lièvre depuis son bateau Les Trois Valses. Dans le plus grand secret, de nuit, il fait transporter son canot dans un champ près de Jussy, où il a repéré un ou deux « bossus ». Au petit jour, dissimulé dans son embarcation recouverte de branchage, notre Nemrod ajuste d’un œil un lièvre qui a le malheur de passer à proximité du « chasseur-navigateur » qui gagne ainsi son pari ! Pour ses 75 ans, il se fait servir un plantureux dîner sur la plateforme des Eaux-Vives. A une heure du matin, Baudit et ses invités font partir un feu d’artifice. La population qui n’a alors pas l’habitude de ce genre de dérangement est mise en émoi. La farce est sanctionnée le lendemain d’une amende de 100 francs !
Le gouvernement français le fait, en 1926, officier d’académie (l’équivalent aujourd’hui des palmes académiques).