1886 – 1966
Parmi les nombreux peintres genevois de la première moitié du siècle, Emile Bressler se remarque aussitôt par l'originalité de son talent. Son intrusion dans le fauvisme, fin des années dix, début des années vingt, aurait dû même en faire l'un des maîtres rétrospectifs de cette école. Mais son évolution artistique, voire son détachement, et surtout la guerre, en ont décidé autrement. Revenu dans ses foyers, le peintre a élagué. Chargée des poussières du temps, sa peinture s'est peu à peu épurée. Du paysage longtemps vibrant de matière, Bressler n'a plus cherché qu'à rendre l'essentiel, au point de boucler son parcours dans la sérénité, hors de la mode qui, de toute façon, ne pouvait plus l'atteindre.
Emile Bressler venait peut-être de trop loin, pas tant dans le temps ou l'espace, mais dans l'âme. Orphelin dès l'âge de 14 ans, son seul but était la peinture. Sans l'insistance de la cantatrice Clotilde Bressler-Gianoli, il n'y serait probablement pas parvenu. Mais sa belle-soeur insista pour que le jeune homme suive l'Ecole des beaux-arts, où son indéniable talent put s'épanouir. Désormais, la peinture l'accompagna sa vie durant.
Après avoir découvert l'huile, en 1910, le jeune peintre frappa un grand coup en remportant le premier prix, très recherché, de la Fondation Diday. Le plus important critique de l'époque, Mme L.Florentin, dit de lui : « Voici qu'il s'impose, avec sa vision, avec sa technique et que l'on ne peut plus l'oublier ». Ce fut le véritable point de départ pour Emile Bressler.